« Si je ne m’aimais pas, je le saurais… »

Vous faites peut-être partie des personnes qui ont très tôt découvert seul ou au détour d’une simple lecture que vous manquiez d’estime de vous.
Si c’est le cas, je vous félicite !

Je suis d’avis que c’est assez rare. Je pense que les personnes qui arrivent à ce constat, ont, hélas, déjà traversé de douloureuses épreuves et ont mis du temps à comprendre et à accepter, que leur  mal-être était la conséquence du manque d’amour et de respect pour elles-mêmes.

Et la raison est hélas très simple: c’est que c’est une notion dont on n’entend que très rarement parler durant notre enfance, adolescence et dans la vie de tous les jours.

Je formule le souhait que la nouvelle génération d’enfants entende à la maison et à l’école que tout commence par l’amour et l’estime de soi.
Je ne parle pas ici, et j’espère que vous l’aurez compris, de cultiver l’égocentrisme chez nos petits, ni de faire l’éloge de l’enfant-roi !

Mais il s’agit plutôt de lui montrer qu’il est tout aussi important que n’importe qui d’autres et qu’il est capital qu’il s’aime, qu’il se respecte et qu’il mérite l’amour et le respect de son entourage, et ce, sans aucune condition. C’est le droit de chaque enfant qui naît…

Je peux bien sûr me tromper, mais il me semble que ce n’est pas encore très fréquent. 

En revanche, comme la réussite sociale et  professionnelle est un objectif  très souvent mis en valeur dans l’éducation, ainsi que l’image qu’on donne à l’extérieur, toute notre énergie sera alors mise au service de ces buts à atteindre.

On peut très (très) bien gagner sa vie et se laisser manquer de respect par son entourage. On peut arborer une image d’une personne épanouie et être ce que j’appelle un  « krévèr lafèksyon » (un affamé d’affection ») et par conséquent, s’oublier complètement et « tout faire » pour obtenir de l’amour de l’extérieur (conjoint.e, collègue, supérieur.e ou voisin.e…).

La personne qui aura entendu toute sa vie que le bonheur se mesure à l’argent qu’on a sur son compte, s’estimera (parfois) alors heureuse lorsqu’elle aura atteint une certaine somme… Celle qui a pour objectif de ne recevoir que des compliments sur son physique, sa gentillesse, sa joie de vivre ne se posera pas (tout de suite) la question de savoir si elle s’aime ou pas, puisque son environnement nourrira (un moment) son besoin de reconnaissance.

 

 

Vous l’aurez donc compris : nous pouvons être (à vie) dans un déni d’estime de soi, puisque beaucoup ne savent absolument pas que « ça » existe.

On peut affirmer haut et fort qu’on s’aime et en même temps, accepter de se laisser manipuler, voire maltraiter. On peut se vanter d’être plein d’amour pour soi et déprimer quand on n’obtient pas « sa dose » de compliments alors, qu’on n’a pas ménagé ses efforts.

Alors, on peut devenir aigri.e et maudire cet environnement  qui nous rend malheureux.se alors qu’on « est toujours gentil.le ». On ne sent jamais récompensé.e de toutes  les peines qu’on se donne pour les autres. Et on continue pourtant à donner, en étant persuadé.e  d’être d’une grande générosité et se persuadant que s’oublier est une preuve d’amour que les autres finiront par reconnaître et honorer.

Mais comment attendre de l’autre l’estime qu’on n’est pas capable de se donner soi-même?
Alors non, nous  ne savons pas toujours que nous ne nous aimons pas.