Est-ce que je peux m’aimer sans aimer mon corps ?

Est-ce que je peux m’aimer sans aimer mon corps ?

Voilà une question qui peut paraître surprenante.
Avez-vous une réponse qui vous vient naturellement ? Et avez-vous des arguments pour étayer votre réponse ?

Il fut un temps où j’aurais répondu sans hésiter : « Oui, bien-sûr ! », mais j’avoue que j’aurais été à court d’arguments sérieux.
C’était l’époque où j’étais persuadée d’être à « 10 kilos du bonheur », celle où j’ai glissé subrepticement vers l’anorexie mentale, qui m’a fait perdre 13 kilos (sans pour autant me trouver belle), mais aussi celle où je cultivais l’idée d’avoir recours à une liposuccion et à des implants mammaires, c’était aussi le moment où j’étais une habituée des défrisages capillaires etc.

Quand j’ai vraiment commencé à réfléchir et à « travailler » sur l’estime de moi, c’est sans surprise que j’ai réalisé que j’étais dans un déni incroyable, dans une inconscience totale de « qui j’étais ».

Mon corps est une partie de moi ! Et quelle partie ! Nous ne serions pas considérés comme des humains si nous n’avions pas cette enveloppe charnelle. Et par conséquent, la maltraiter, c’est SE maltraiter !

Le corps est ce qu’on montre en premier à l’autre, au monde, à sa famille, à la société, et à ce titre il cristallise énormément de pressions.  

Que nous en soyons conscients ou pas, nous sommes conditionnés depuis notre naissance quant aux notions de « beauté », « décence »,
« séduction ».
Nous nous définissons à travers des critères artificiels qui vont dans un premier temps dévaloriser ce qui existe, et ensuite créer des besoins pour faire consommer et aussi uniformiser ! 

Et soit dit en passant, la femme est celle qui subit toujours davantage ces diktats.

Donc, pour être « dans le moule », et être considéré.e comme beau, belle (et donc « être aimé.e » – on revient sans cesse à ce besoin), on peut parfois soumettre son corps à des contraintes énormes : chirurgie, prise de substances nocives, régimes draconiens etc.

Et comme les modes changent, il faut sans cesse obliger son corps à se plier aux critères édictés par les stars, les influenceur.se.s, et souvent au détriment du bon sens, de nos particularités, de nos envies et désirs propres (quand nous les connaissons).

À quel moment nous demandons-nous si notre corps est ok, s’il est d’accord pour toutes ces injonctions que nous lui imposons, s’il n’en souffre pas ? Nous posons-nous souvent la question si nous le respectons, donc si nous nous respectons… ?

Et comme le corps a une intelligence propre, parfois, il nous chuchote ses messages, parfois il les crie ! C’est un merveilleux communiquant qui ne demande qu’à nous parler de nous, si nous l’écoutons. Il se plie parfois aux ordres que nous lui donnons et parfois il se rebelle. 

Il est en contact permanent avec nos émotions, nos pensées, nos mémoires, et sachez qu’il reste un allié incroyable, essentiel dans notre processus de reconquête d’estime de soi.

J’ai longtemps maltraité mon corps, et ce, de diverses manières et je suis stupéfaite et pleine de gratitude aujourd’hui pour cette partie de moi qui ne m’a pas lâchée. J’essaie de rester à l’écoute de ses messages à travers les différents symptômes qu’il exprime (je préfère le mot « symptôme » à « maladie »), et j’ai décidé de travailler en collaboration avec lui au lieu d’être en conflit avec lui, donc avec moi. 

Je ne peux que vous encourager à en faire de même.
Le partenariat est plus fructueux que les hostilités. Apprenez à l’apprivoiser, parlez-lui, dites-lui ce que vous ressentez, ce qui vous ferait plaisir. Ecrivez-lui une lettre de réconciliation, apprenez à l’aimer. 

Faites de lui votre meilleur ami, et demandez-lui régulièrement ce qui lui ferait plaisir. Il vous répondra, soyez-en sûr ! Il vous faudra un peu de patience et beaucoup de bienveillance. On ne passe pas du jour au lendemain du stade d’ennemis à meilleurs amis. 

Je parle du corps à la troisième personne par commodité, mais je rappelle mon corps, c’est aussi soi.
Ne pas l’aimer, c’est donc rejeter une partie de de soi !

NB : Je vous conseille « Le Grand Dictionnaire des malaises et des maladies » de Jacques MARTEL, il peut être d’une aide précieuse dans la compréhension des messages que votre corps vous envoie.